mardi 5 juin 2012

Faut-il continuer à trouver des solutions, ou bien essayer de régler les problèmes ?

C’est le Wall Street journal qui l'écrit : “De nouveaux signes de ralentissement mondial obscurcissent les perspectives économiques”. Non, vraiment ?  « 100 millions d’Américains sans emplois » titrait tout aussi récemment Business Insider. Plus de 10% de chômeurs en France, hausse de 50% des fermetures d'usines, l’Espagne qui vacille, les USA sous assistance respiratoire de la FED, la Grèce en état de mort cérébrale, les signes d’une crise systémique incurable se multiplient. 


Pourtant, beaucoup semblent encore espèrer une « sortie par le haut », une sorte de solution globale, quasi-divine et miraculeuse qui serait le fruit d’un consensus entre des gouvernements européens, dont certains n’auront bientôt même plus de quoi payer les retraites et les aides sociales dans leur propre pays s'ils n'empruntent pas sur les marchés…

Au point où nous en sommes, il faudrait peut-être se demander si l’objectif consiste encore à trouver une énième solution, ou bien à définitivement régler les problèmes ? 

Car n’en doutons pas un seul instant, il se trouvera toujours de brillants esprits qui utiliseront leur précieuse intelligence pour concevoir de belles solutions complexes comprises d’eux seuls. Elles viendront s’empiler, sans retour arrière possible, sur des sparadraps techniques déjà conçus par d’autres esprits pointus. Ce faisant, le problème initial se complexifie, devient ingérable et n’est toujours pas résolu.

Joseph Tainter un chercheur américain, démontre dans son ouvrage la « Chute des sociétés complexes »  que les civilisations atteignant un certain degré de complexité ne peuvent que décliner, parce que tous les efforts pour maintenir leur stabilité entraînent un surcroît de complexité de plus en plus ingérable.

Car pour maintenir leur croissance, les sociétés doivent continuer à résoudre les problèmes à mesure qu’ils surviennent. Pourtant, chaque problème résolu signifie plus de complexité. Le succès temporaires de certaines "rustines" induit une population plus nombreuse, plus de spécialistes, plus de ressources à gérer, plus d’informations à traiter - et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé.

Tainter s’est aperçu qu’une complexité croissante entraîne des rendements décroissants. Par exemple, le supplément de nourriture produite par chaque heure supplémentaire de travail - les joules d’énergie investis pour cultiver un hectare - diminue à mesure que cet investissement s’accroît.

Au bout du compte, estime M. Tainter, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir son niveau actuel de complexité. Puis, quand le climat change ou qu’arrivent des crises, les institutions proches du point de rupture s’effondrent et l’ordre civil avec elles. Ce qui émerge ensuite c’est une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle, ou qui est dirigée par un autre groupe (Tout comme dans le roman "Vicilisation - La Chute"...;-).

Le contexte qui s’impose à presque tous les gouvernements dans les anciens pays industrialisés est celui des rendements décroissants. 
Les plans d’aide, de sauvetage, les accords multilatéraux, les injections de cash  (
plus de 380 Milliards d'euros pour la Grèce !), les plans de rigueurs ne produisent plus aucun effet significatif sur les systèmes qui ont du mal à poursuivre indéfiniment leur apogée... 

Cette situation se caractérise par une croissance quasi nulle, artificiellement maintenue par la dette et les bidouillages statistiques, afin de ne surtout pas prononcer les mots tabous de « récession » ou de « décroissance ».

Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, Démocrates ou Républicains, Travaillistes ou Conservateurs n’aura sans doute pas de grands impacts, car c’est le même problème structurel qui est à l’œuvre un peu partout dans le monde moderne. Les bannières politiques seront de peu d'utilité face à des systèmes et des organisations hors de contrôle, qui ne peuvent plus aller que dans un sens : celle d'une fuite en avant accélérée et d'une complexité croissante…

Les signes perçus dans notre quotidien nous confirment qu’il se passe quelque chose d’unique à l’échelle de nos vies, et d’absolument impensable pour les générations précédentes qui ont bénéficié des "30 glorieuses". Tellement impensable, que nous avons parfois du mal à réaliser ce qui se trame, et à mettre des mots pour matérialiser le problème dans sa globalité.

Si nous voulons surmonter cette crise, contre laquelle les schémas classiques sont inopérants, il faut sans doute changer de méthode et d’échelle, s'extraire de nos conditionnements et tenter d'explorer modestement de nouvelles pistes, armés de notre seule intuition et de notre bon sens...

C’est sans doute le principal enjeu auquel devra faire face une humanité libérée de certaines contraintes naturelles et poussée par le sentiment de son invincibilité : admettre sa propre finitude, et accepter de remettre en question les dogmes qui ont bercé les consciences avant qu'il ne soit trop tard...

Sources :

samedi 28 avril 2012

Pensée du jour:


"Tout se passe comme si l'espèce humaine avait choisi de mener une vie brève mais excitante, laissant aux espèces moins ambitieuses une existence longue mais monotone."

Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994)

"La décroissance"
Entropie – Écologie - Économie

jeudi 27 octobre 2011

Quel modèle de société pour demain, à part reculer pour mieux sauter ?

Doit-on se réjouir des annonces triomphantes des dirigeants européens qui, les traits tirés par leurs négociations nocturnes, nous annoncent, tels des chirurgiens ayant miraculeusement sauvé un mourant après des heures d’opération, que « l’Europe est sauvée » et que « le risque de contagion est circonscrit » ?

N’avons-nous pas déjà entendu les mêmes messages rassurants à l’issue des 10 précédents sommets censés sauver la planète, le monde moderne, et notre galaxie toute entière ?

Derrière les postures et les effets d’annonce, constatons simplement que de nouveaux milliards d’euros vont encore être injectés dans le tonneau des danaïdes des dettes souveraines, qu’aucune solution structurelle durable n’est proposée (à part effacer une partie l’ardoise Grecque), et que le nouveau prêt va intégralement servir au remboursement des emprunts Grecs.

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), va voir sa capacité de 440 milliards d’euros encore renforcée, et aucune rupture avec la logique qui est à l’origine même de cette crise n’est évoquée. Pourquoi ?

Tout d'abord, parce qu'il est souvent difficile de régler un problème de l'intérieur en faisant appel à ceux qui l'ont créé Ensuite, parce qu'il en faudrait du courage politique pour reconnaître que les vieilles recettes ne fonctionnent plus, qu'emprunter pour rembourser nous conduit dans une impasse alors que la croissance est nulle. Mais le mouvement général de ces dernières décennies tend irrémédiablement vers plus de globalisation et "d'irresponsabilité organisée" (pour reprendre l'expression du sociologue Ulrich Beck), au détriment d’individus piégés dans des organisations qui les dépassent complètement.

Finalement, peut-être que nos dirigeants sont animés de bonnes intentions, peut-être pensent-ils vraiment que cette crise pourra être réglée par le haut, de manière incantatoire, au nom de ceux qui leur ont aveuglément délégué leur citoyenneté en espérant l'avènement d'un messie providentiel.

Mais peut-être savent-ils aussi au fond d’eux-mêmes que la situation est grave si le pouls de l'économie reste faible, qu’il faut continuer à donner le change et ne pas scier, tant qu’elle tient encore,  la branche sur laquelle ils sont tous assis, comme l’étaient avant-eux ceux qui les ont coopté pour que les dispositifs et le dogme de la croissance sans fin perdurent.

Depuis des mois on nous parle de systèmes, de mécanismes et d’organisations à sauver. Des technocrates, issus de ces mêmes agencements supra nationaux, nous expliquent doctement, comme à des enfants dont le jouet est cassé, qu’il est réparable et qu’il faut garder espoir… 

Les individus en bout de chaîne ont totalement disparu des considérations. Qui parle de la détresse de ceux qui n’ont plus rien et cherchent des solutions ? De ceux qui tentent de nourrir leur famille et de se loger dignement ?

La réalité dans les bassins d’emplois ravagés, dans les zones péri-urbaines où le chômage officiel culmine à plus de 20% et dans certaines zones rurales est tout autre : le modèle ne parvient plus à donner durablement des places à tout le monde, et la croissance artificielle obtenue grâce au crédit pas cher durant les dernières décennies est révolue.

Après les 30 glorieuses, les Etats-unis sont parvenus à maintenir une croissance factice grâce à la surexploitation des crédits privés, conduisant à la crise des subprimes de 2008 et ses conséquences sociales... (Je vous conseille à ce propos l'excellent film: "The big short: le casse du siècle", c'est édifiant !). En Europe, ce sont les gouvernements qui ont compensé le déclin par une augmentation des dépenses publiques conduisant aux mêmes excès... Dettes privées ou dettes publiques, dans les deux cas, il faut payer.

Malgré les bricolages financiers et les rafistolages technico-politiques d’urgence, le modèle basé sur le paradigme d'un développement perpétuel et sur une croissance économique constante a atteint son apogée, et entame une descente rapide, ne contredisant pas en ce sens les lois fondamentales de la nature et les constantes universelles.

Face à cette fin organique annoncée, le casting politique est assez riche, chacun y allant de sa solution, mais toujours sur un même schéma mental consistant à expliquer qu’un leader providentiel ou qu’un parti alternatif détient le secret de la croissance, et qu’une gestion centralisée, étatique et globale de la problématique produira des effets positifs au terme de « gros efforts » que certains n’imposeraient même pas à leur chien.

Peut-être devrions-nous sérieusement envisager la possibilité qu’il n’y ait pas (ou plus) de solution globale, plus de croissance (même artificielle), et pas de messie ou d’hyper dirigeant omniscient capable de stopper seul cette fin de civilisation ?

Mais ne rêvons pas : tant qu’il y aura de brillants orateurs pour expliquer qu’ils ont la réponse, ou qu’ils sont capables de la trouver, il y aura toujours des foules béates emplies d’espérance pour les écouter et voter pour eux, avant de les destituer aux élections suivantes. 

Alors, difficile de prévoir quand tout ceci cessera de fonctionner, mais constatons simplement qu’un modèle assis sur un impératif de consommation et de croissance risque de s’asphyxier si plus personne n’est capable de consommer, faute de travail et de crédit.

Les dirigeants des pays industrialisés l'ont bien compris et tentent désespérément de fournir des emplois, même subventionnés sur le budget de l'état déjà dans le rouge, pour que les électeurs puissent continuer à consommer avec de l’argent qu’ils n’ont pas, des biens qu’ils ne produisent plus depuis longtemps. En tant que fournisseurs concernés au premier chef, les Chinois seraient même prêts à nous aider dans cette voie...

Un beau projet de société en somme, où des masses endoctrinées, bombardées de publicités, pourront continuer à se ruer sur du rêve en boîte. Mais ne nous égarons pas, il s'agit d'un autre sujet qui fera l'objet d'un billet spécifique.

Pour l'heure, c'est le même constat un peu partout dans le monde industriel occidental : les emplois disparaissent, la consommation baisse et les crédits sont à l’arrêt, contraignant le consommateur à ne plus consommer, et l’emprunteur à ne plus rembourser. Injecter du cash dans la machine ou effacer les dettes retardera sans doute l’échéance, mais ne réglera pas fondamentalement cette crise systémique qui s’avère surtout être une crise de sens, d'imagination et de trajectoire.

Des millions de personnes ont déjà été expurgées sans ménagement de la matrice qui les a allégé du peu d’épargne qu’elles avaient encore. Elles se retrouvent hagardes à errer dans les décombres des cités radieuses et dans les bidonvilles qui fleurissent désormais en périphérie des grandes capitales occidentales.

"Révolution!" crieront certains indignés au bord du vide, "Evolution!" proposeront d'autres modérés moins proches du gouffre. Mais les uns ne sont pas assez nombreux, et les autres trop consensuels pour parvenir à enclencher quoi que ce soit de "disruptif"... Mais peut-être qu'il n'y aura pas besoin de révolution pour renouveler le modèle finalement: il pourrait s’effondrer tout seul sur lui-même faute de carburant, rongé dans sa logique consumériste et gavé de certitudes ostentatoires.

Quelque part, chaque crise recèle des opportunités : ceux qui affirmaient avoir une solution finiront par ne plus être entendus, noyés dans les grondements des peuples, et ceux qui pensaient que d’autres, plus intelligents et éduqués qu’eux, allaient leur trouver une issue miraculeuse sans rien changer à leurs comportements, finiront par découvrir que ce sont eux qui détiennent une partie de la réponse.

Et parce qu’ils n’auront plus le choix, certains dé-consommeront et fuiront les villes comme c’est déjà le cas en Grèce et en Italie où cette révolution par défaut est déjà en marche, d’autres seront obligés de mettre en œuvre des solutions de proximité pour se nourrir et se loger, tout simplement.

Alors, peut-être que des centaines, des milliers, puis des millions de réponses et d'initiatives portées par des individus, ou des groupes d’individus, coupés du politique, contraints par l’absence d’option et par la nécessité de subvenir à leurs besoins élémentaires, finiront par s’agréger et se coordonner afin de spontanément refonder un nouveau sens, et tracer de nouvelles perspectives.

Ce sera peut-être la fin du monde tel que nous l’avons connu, mais ce ne sera pas la fin du monde pour autant…

mercredi 28 septembre 2011

Désurbanisation : la révolution par défaut ?

Le Larousse définit la désurbanisation comme une « politique tendant à favoriser l'implantation d'activités économiques dans le monde rural et la création d'emplois dans les villages ».

La désurbanisation, n’est pas un nouveau concept prôné par quelques dangereux subversifs. Dès les années 70, le mouvement apparaît en réponse au paradigme de la croissance sans fin, et tente de s’inscrire comme une alternative aux dogmes de la globalisation, du toujours plus de profits, de productivisme et de béton…

Pour beaucoup, les villes et les mégalopoles cristallisent les symptômes de l’essoufflement d'un modèle planétaire qui ne parvient plus à lutter contre l’exclusion sociale, la déshumanisation, la précarité, la violence, la pollution, la dépendance énergétique et alimentaire…

Alors, certains ont déjà quitté les grandes agglomérations par choix de vie ou par engagement politique, sans pour autant faire basculer l’opinion publique de leur côté, et sans révolutionner le mode de vie dominant.

Peut-être est-il utile de le rappeler, mais une révolution résulte d’un mouvement de forte ampleur. Une minorité ne peut pas faire une révolution si elle est isolée. Elle peut revendiquer, tenter d'amorcer une réaction, manifester, mais sans l’assentiment implicite ou explicite de la majorité, la rotation de l’histoire est difficile, voire impossible.

Or les conditions de changement de l’histoire sont en train d’évoluer avec la crise mondiale actuelle, car les mécanismes de financements de la cohésion qui maintiennent la structuration d’une société où la majorité travaille, paie des impôts, part en vacances et surtout consomme, sont en train de sérieusement se gripper.

Tous les jours des individus, sans doute de plus en plus nombreux, sont expurgés du système par les plans sociaux, la fin ou la réduction de leurs droits, le surendettement ou la fermeture de leur société. Ils réduisent brutalement leur consommation, ou doivent quitter les villes car ils n’ont plus les moyens d’y demeurer. Ils « déconsomment » involontairement car ils n’ont plus de choix, et encore moins accès aux crédits ou aux milliards injectés dans le tonneau des Danaïdes des dettes souveraines ou dans le soutien aux banques.

Et ce mouvement de tarissement progressif des options, cette crise du choix historique qui sape les fondements de nos sociétés consuméristes basées sur la surabondance, recèle les germes d’un nouveau type de révolution : la révolution par défaut.

Cette révolution n’a rien de volontaire, d’épique ou de glorieux... Elle n’est pas le fruit d’une réflexion personnelle, ou d’une démarche politique volontariste. Elle est subie par des consommateurs qui étaient jusqu’alors les piliers du système marchand. C’est une révolution « sans violence » conduite, non pas par une minorité d'indignés ou d'activistes déterminés, mais par une majorité de « Madame Michu » et de « Monsieur tout le monde » qui ne peuvent plus se payer quoi que ce soit, même dans le discount.

Démunis, privés de crédits conso, sans épargne et sans alternative, ils quittent les villes, rejoignent des zones de moindre densité ou, dans les cas les plus extrêmes, reprennent un lopin de terre comme c’est le cas en Grèce. La Grèce est assez avancée en matière de décomposition sociale et économique, et trois principaux phénomènes peuvent nous éclairer sur la trajectoire possible de cette crise:

a) Un exode financier sans précédent vide le pays de ses dernières richesses : Les plus informés, les plus riches et les plus mobiles placent l’argent qu’il leur reste à l’étranger et certaines sources estiment qu’entre 250 à 300 milliards d’euros ont déjà été transférés hors de Grèce.

b) Un exode des cerveaux vers des cieux plus cléments : avec un taux de chômage à plus de 15%, 70% des jeunes diplômés souhaitent partir à l’étranger.

c) Un exode urbain : Pour ceux qui ne sont ni assez diplômés, ni assez riches pour s’expatrier, il reste à se nourrir et à se loger dans un pays où l’indice des prix à la consommation a bondi de 250% en 2011, pour atteindre 4,5%

N’ayant peu ou plus d’argent pour payer leur loyer, leur forfait de téléphone, leurs fringues  de marque et encore moins pour régler les échéances de leurs crédits, une partie des citadins commence à fuir les villes.

Cet exode urbain touche pour l’instant environ 100 000 personnes (Sur 11 millions de Grecs), dont 40 000 Athéniens qui, selon la Fédération grecque des paysans, ont fait ce "choix" ces deux dernières années. Il est difficile d’estimer l’ampleur exacte du mouvement, mais on constate le même phénomène en Italie du sud, où selon "Le Monde" 580 000 personnes ont déjà quitté la région (Naples a perdu 108 000 habitants, Palerme : 29 000), et en Espagne où la jeunesse s'expatrie.

Est-ce un mouvement migratoire temporaire, touchant les pays ou les régions en difficulté ? Est-ce que cet exode urbain sera inversement proportionnel à celui qui a vidé les campagnes de leur substance durant les siècles précédents au profit des villes et de leurs promesses ?

Difficile de répondre à ces questions, mais à leur manière, les Grecs font leur révolution en sortant du système bien malgré eux, car ils ont épuisé toutes les options. Certains ont même décidé de sortir de l'euro de leur propre chef et sont revenus au Drachme, à l'instar de certains villages espagnol ou italiens qui ont repris leur ancienne monnaie. Ils sont à l'avant-garde de ce qui arrivera tôt ou tard à d'autres pays (et pas qu'en Europe...). Ces révolutionnaires d'un nouveau genre sont très nombreux et vident littéralement le modèle de sa substance, ils l’étouffent, l’asphyxient en ne consommant plus.

C’est une révolution par défaut : le défaut de la dette, mais surtout le défaut de solution pour les populations urbaines les plus défavorisées. Et cette déconsommation pourrait être d’une redoutable efficacité. Sans doute encore plus dévastatrice qu’un mouvement de contestation organisé, qu’une prise de la Bastille, et plus destructrice qu’une barricade et que des cocktails Molotov. 

Il est communément admis que la Grèce est le berceau de notre civilisation. Le point de départ depuis lequel des penseurs se sont interrogés sur les citées, la démocratie, les utopies, les systèmes politiques et la place de l’homme dans l’agora.

Prenons le pari, que la Grèce, au travers de la désurbanisation forcée qu’elle subit avant tout le monde, nous conduise à réfléchir sur la meilleure façon de transformer cette crise systémique mondiale en une multitudes d'opportunités locales capables de refonder un nouveau projet de société.

Peut-être que cette révolution par défaut permettra à certains
 de déterminer eux-même comment créer localement des solutions à taille humaine, fédérer les énergies et inventer demain, plutôt que de persister à déléguer leur citoyenneté au profit de propositions  centralisées d'où les individus sont exclus.

mercredi 3 août 2011

On ne se fait pas élire en disant « non »

Si un ménage s’endette pour rembourser ses crédits, on parle du fléau du surendettement. Si un état fait exactement la même chose, on parle « d’un accord historique » ou bien de « sécuriser l’avenir ».

Mais de quel avenir parle–t-on au juste ? De celui des générations futures, condamnées à produire et consommer toujours plus au nom de la sacro-sainte croissance ?

Est-ce le « projet d’avenir » que l’on prépare à notre jeunesse ? La croissance est-elle le seul moyen d'envisager l'avenir ? Pour l'heure, force est de constater qu'en Europe et aux USA, le système ne sait pas produire d’autre réponse que d’augmenter la dette pour rembourser la dette, en priant pour que la croissance soit au rendez-vous.

Le modèle reproduit inlassablement le même schéma mental dont le monde entier feint d’ignorer le funeste dénouement. Un cercle vicieux dont nous ne pouvons manifestement plus  sortir. Le modèle dans lequel nous évoluons semble nous dépasser, il a atteint une masse critique, il s’auto-suffit, suit ses propres règles et fait abdiquer les gouvernants.

Et puisque ces derniers ne se font pas élire en disant « non » (aux marchés et aux électeurs), ils ne peuvent qu’aggraver la fuite en avant, contraints de relever les plafonds des dettes pour retarder autant que possible le défaut de paiement, et passer la "patate chaude" à l'équipe suivante... Ils tergiversent, se concertent en mondovision, organisent une mise en scène digne de la "comedia del arte" mais, au final, hésitent à sauter dans l'inconnu, et surtout à scier la branche sur laquelle ils sont assis.

Ceux qui auront le courage politique d’évoquer des réformes structurelles, ou de proposer un nouveau pacte risquent quant à eux de subir l’ire de ceux qui trouvent encore quelques intérêts à ce que les choses n‘évoluent que raisonnablement. Car aujourd'hui, comment envisager de se faire élire sans le soutien financier des marchés ? Comment "débourser" les millions d'euros ou de dollars nécessaires pour le marketing, les pubs et le "lobbying" sans l'appui des places ?

Le système aurait-il perdu toute capacité à se réformer de l’intérieur et à remettre en question ses fonctionnements ?

Votre thriller de l´été ?

J ’ ai le plaisir de vous annoncer la sortie du thriller "L ’ IA Dissidente".  Découvrez les aventures planétaires d´un jeune cher...