L'écriture de cette fiction sociale a débutée en 2008, alors que les crise des subprimes éclatait et engloutissait des milliers de milliards de dollars censés éteindre l'incendie. Quelques années plus tard, on se demande si la réalité ne rattrape pas ce qui n'était alors qu'une fiction...
Aujourd'hui, une partie de la manne financière injectée par la FED, la BCE et consors, pour sauver l'édifice s'investit notamment sur les banques elles-mêmes, les actions ou les marchés des matières premières (sucre, blé, coton, riz, pétrole...) créant des spéculations dévastatrices dont la population et l'économie réelle ne sont pas les bénéficiaires.
Aux USA, d'où s'est révélée cette crise, les quelques 600 milliards de dollars récemment investis par la FED (Source: Wall street Journal) n'ont pas produit les résultats escomptés : les prix de l'immobilier sont au plus bas et baissent de près de 1% par mois, et entre 30 et 40 millions d'américains vivent grâce aux bons alimentaires... (Source Second Harvest)
En parallèle, dans la plupart des pays de l'UE, les salaires stagnent, les emplois aussi (17% de chômage en Mars 2011 en Espagne). L'aide alimentaire concerne aussi environ 10% de la population (Source PEAD), et les plans d'austérités essorent les nations endettées alors que les prix des denrées de base augmentent... Les cas de la Grèce, de l'Irlande et des "indignés" espagnols sont assez emblématiques d'un profond malaise et d'une crise de sens.
Mais devons-nous pour autant céder à la facilité et au dogmatisme en désignant un coupable expiatoire que nous pourrions tous lapider? Peut-être que si le jouet est cassé aujourd'hui, c'est que nous avons trop joué avec, et que nous portons tous collectivement une responsabilité dans ce qui se passe...
Comme l'affirme un des protagonistes du roman "VICILISATION - La Chute" (au risque de passer pour un hérétique) : "La finance internationale n'est pas la cause de tout ça, elle n'est que la conséquence de nos choix de société". Elle est l'outil qui a permis de maintenir, coûte que coûte, l'illusion du modèle dans lequel nous nous sommes vautrés durant des décennies. Elle est la conséquence de nos comportements d'achat, de consommation et de nos lieux de vie.
En effet, il a fallu financer le smart-phone depuis lequel nous envoyons des twits, notre voiture, nos vacances, le fonctionnement d'institutions hors de proportion, les grands projets publics et tout les biens que nous ne produisons plus chez nous depuis longtemps, et que nous achetons avec de l'argent que nous n'avons pas...
Si les créances douteuses, les montages opaques, la titrisation et les crédits faciles ont pu prospérer, c'est surtout parce que le système en avait besoin pour financer son développement basé sur un impératif de croissance, et que l'immense majorité de la planète n'imagine pas devoir réduire son train de vie et ne prône pas spontanément la décroissance.
Ce n'est qu'une question de temps (et de mathématique), mais le modèle consumériste occidental ne va plus pouvoir continuer à financer son fonctionnement outrancier. Il ne parvient déjà plus à rembourser les dettes, et tout est mis en oeuvre pour sauver l'existence des dispositifs globaux (et de ceux qui les contrôlent), au détriment des individus eux-mêmes.
Alors la décroissance va sans doute se mettre en place comme une nécessité, tout simplement parce que les populations n'ont plus de quoi consommer comme avant, se retrouvent sans option, et privée des évidences et des rêves qui ont bercé les générations précédentes... Il ne sera pas facile d'y renoncer tant ont nous a formaté au bonheur sur étagère, à la réussite normée, et à la plénitude sur papier glacé.
Pourtant, il va falloir inventer de nouveaux projets pour vivre ensemble, imaginer d'autres organisations dont les individus seraient de nouveau le centre. Nous allons être contraints de chercher un nouveau sens à tout ça avant que d'autres ne le fassent à notre place. Le mouvement a déjà commencé en Europe et il recèle sans doute les germes d'une révolution par défaut...