Lorsque l’accident nucléaire de Tchernobyl survint le 26/04/1986, la presse internationale critiqua immédiatement la vétusté des installations, leur non-conformité, le manque de professionnalisme des ingénieurs et la désinformation organisée entourant l’évènement.
A l’époque, la compréhension de la chronologie de l’accident, la découverte des erreurs humaines et des mensonges éhontés des autorités furent des preuves supplémentaires de l’effondrement du bloc soviétique. La démonstration éclatante de la déliquescence d’infrastructures hors d’âge rafistolées avec des bouts de fil de fer.
Cela conforta aussi le modèle occidental triomphant dans sa capacité à maîtriser l’atome et à donner des leçons de sécurité au reste de la planète, quitte à mentir sur la trajectoire du nuage radioactif.
L’accident de Fukushima du 11/03/2011 touche quant à lui un pays moderne, démocratique et profondément capitaliste, comme en atteste son endettement public record à plus de 200% du Pib.
Et nous pouvons effectivement constater tous les jours ô combien la gestion de cette crise diffère fondamentalement de celle que nous avions vécu il y a plus de 20 ans, aux temps obscurs de la Pravda et du mensonge d’état organisé.
Certes, Le Monde, citant le Japan Times, avance aussi la possibilité d’une erreur humaine dans l’arrêt du système de refroidissement du réacteur 1, ce que ne dément pas TEPCO l’opérateur censé maîtriser cette situation… Accordons-leur néanmoins le bénéfice du doute, puisque seulement un réacteur, sur les trois qui ont déjà sauté, serait concerné.
Arrêtons aussi de croire que TEPCO nous prend délibérément pour des idiots en prétendant pouvoir rétablir le système de refroidissement, alors que les installations sont détruites, que les enceintes de confinement sont percées et fuient abondamment. Après tout, un refroidissement externe (et à distance respectable) du combustible serait une première mondiale…
Reconnaissons aussi que la conjonction d’un tremblement de terre et d’un Tsunami était improbable sur une zone littorale. Certains m’opposeront que « Tsunami » est un mot d’origine Japonaise, mais qui pouvait vraiment prévoir qu’en construisant une centrale au bord de mer à la jonction de plaques tectoniques, celle-ci pourrait simultanément subir un jour un tremblement de terre majeur et ses conséquences immédiates ?
En ce qui concerne la communication de TEPCO, devons-nous blâmer l’opérateur obligé de pousser sur le devant de la scène des ingénieurs impassibles et respectueux nous expliquant « que tout est sous contrôle », alors qu’à quelques kilomètres du centre de presse des hommes, noyés dans le chaos nucléaire, font face à des explosions d’hydrogène, à des fuites radioactives et à la fusion des combustibles ?
Pouvons-nous imaginer un seul instant l’incroyable difficulté à organiser un tel simulacre, alors que les feux de l’enfer vous échappent, s’enfoncent irrémédiablement dans la terre nourricière et se dispersent dans l’océan, en risquant de reléguer l’art du Sushi à un vague souvenir ?
Il en faut de la zénitude, malgré les trous béant dans les réacteurs et les démentis embarrassants que la réalité et l’AIEA apportent jour après jour aux déclarations rassurantes de TEPCO, pour informer, avec un tel souci de transparence et un tel professionnalisme, le monde inquiet et des populations qui ne pourront plus habiter dans les zones contaminées au cours des prochaines décennies...
Enfin, saluons dans le silence et le respect le plus sincère, le geste désespéré de ceux qui tentent de chevaucher le dragon en furie pour leur pays, et pour éviter le déshonneur à ceux qui les ont mis dans cette situation. Des centaines, peut-être des milliers de Kamikazes s’immolent dans le brasier de Fukushima à l’heure ou vous lisez ces lignes une tasse de café équitable à la main (ou de thé radioactif).
Mais tout ceci n’est en rien comparable aux quelques 600 000 ouvriers « liquidateurs » venus d’Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, de Lituanie et de Russie pour nettoyer les déchets nucléaires de Tchernobyl. A l'époque, les choses étaient totalement hors de contrôle…
Non vraiment, le monde a changé en 20 ans… Désormais, les opérateurs nationaux en charge de l'exploitation des centrales sont sous le contrôle d'autorités totalement indépendantes, qui en aucune manière ne participeraient à ce qui pourrait s'apparenter à de la dissimulation. Partout dans le monde, mais surtout en France, des normes de sécurité draconiennes, notamment en matière sismique, assurent la solidité et l'étanchéité des enceintes de confinement. La preuve: nos centrales sont plus chères !
Mais j'admets humblement que ces considérations sont assez complexes pour qui n'a pas fait Polytechnique, c'est pourquoi nous pouvons les confier sans crainte à l'ensemble de la chaîne de décision de l'énergie. N'en doutons pas, elle n'hésitera pas à spontanément alerter le grand public en cas de risques structurels...
Le Japon démontre ainsi tous les jours, que c'est parce qu'il n'existe aucune collusion entre TEPCO, les médias, les industriels et le gouvernement, que nous pouvons compter sur la plus totale transparence de l'information. Alors dormez tranquille braves gens, nous aurons tous notre dose de progrès sans frontière...
Mais j'admets humblement que ces considérations sont assez complexes pour qui n'a pas fait Polytechnique, c'est pourquoi nous pouvons les confier sans crainte à l'ensemble de la chaîne de décision de l'énergie. N'en doutons pas, elle n'hésitera pas à spontanément alerter le grand public en cas de risques structurels...
Le Japon démontre ainsi tous les jours, que c'est parce qu'il n'existe aucune collusion entre TEPCO, les médias, les industriels et le gouvernement, que nous pouvons compter sur la plus totale transparence de l'information. Alors dormez tranquille braves gens, nous aurons tous notre dose de progrès sans frontière...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires