C’est notamment sur les ruines
laissées par les américains en Irak à partir de 2003 avec l’opération «
IrakFreedom », puis dans les désordres savamment attisés des «
Printemps arabes » et enfin dans les guerres de Libye, de Syrie
et d’Afghanistan (de 2001 à 2014 avec l’opération «
Liberté Immuable »),
et dans tout ce que la coalition occidentale conduite par les USA a semé comme
chaos dans le monde arabe que nous récoltons aujourd’hui des désordres en
Europe.
Certes, le terrorisme existait avant, mais pas dans de telles proportions. Attentats, insécurité, crises humanitaires, tensions
diverses, migrants… Ne pensez-vous pas que la
majorité des gens préfèrent vivre en paix dans leur pays, plutôt que
d’aller mendier chez les voisins et risquer leur vie en traversant la
méditerranée dans des coques de noix ?
Mais la nature a horreur du vide,
et les abysses créés ont donc été occupées par une internationale djihadiste en Irak, en Libye et en Syrie, privés totalement ou partiellement, de leurs infrastructures et de leurs dirigeants historiques jugés comme "mauvais" et/ou appartenant à "
l'axe du mal". L'Amérique, nation manichéenne, autoproclamée gardienne de la démocratie, a préféré laisser des religieux prendre la place de dictateurs et a favorisé le renforcement d’un nouvel ennemi, sans lequel elle a décidément
du mal à exister (on en viendrait presque à regretter la bonne vieille époque de
la guerre froide). Deux générations de cow-boy, les Bush père et fils pour ne
pas les nommer, ont volontairement dévasté la région au prétexte d’exporter
la
démocratie le chaos dans ces pays lointains en n'hésitant pas à présenter
de fausses preuves au monde entier, comme pour la guerre d'Irak.
 |
Libye - Avant - Après |
C'est notamment dans ce terreau qu'un nouveau genre de terrorisme s'est développé et s'exporte, comme la "démocratie" a su si bien le faire... Si désormais l’EI, nous est
présenté comme un état à part entière, organisé, structuré avec une capitale et
des ministères, c’est parce « qu’on » la laissé prendre ses aises,
massacrer les minorités, développer son idéologie mortifère, raser des sites archéologique et c’est aussi parce
que certains pays consommateurs lui achètent du pétrole à pas cher et que cette
manne financière, estimée entre
1,2 et 3 millions de dollars par jour, va au paiement des troupes
(300 euros/jours par combattant)
et à l’achat d’armes, vendues par qui ? Par ceux capables d'en produire... La France a aussi
vendu des armes aux rebelles Syriens dès 2012, avant que certaines ne tombent dans de mauvaises mains, oops !
Dans l’urgence qui est la nôtre,
il faut évidemment traiter les symptômes visibles sur notre territoire, mettre hors d’état de nuire les
menaces identifiées (et toutes ne le sont pas), expulser ceux qui peuvent
l’être et contenir la contagion au travers d’actions militaires dont le
périmètre devrait toutefois rester limité.
En effet, il importe surtout de
traiter les causes structurelles moins visibles qui ont permis l’émergence de
ce monstre protéiforme insaisissable qu’est l’EI. Nous sommes dans une « guerre
asymétrique » contre un ennemi diffus qui n’est pas qu’en Irak et en Syrie.
A part quelques drapeaux sur des pick-up ou au sommet d’une colline, nous n’avons
pas affaire à une organisation qui a les moyens d’afficher des cibles aussi visibles.
Dans le chaos actuel, vue du ciel, quelles sont les capacités de la France a identifier des cibles indépendamment de
celles que nous fournissent les USA ? Si cela est avéré, pourquoi ne bombarde t-on pas nous aussi les convois de camions citerne transportant du pétrole hors de Syrie au travers de la Turquie (!)
tels que décrit par le Président Poutine dans une conférence dont on n'a pas entendu parler dans les médias mainstream ?
Il suffit de connaître un peu l'histoire pour savoir que cette offensive "conventionnelle" n’aboutira
pas aux résultats escomptés comme le prouvent l’ensemble des opérations
militaires internationales conduites dans la région depuis des années, et malgré
les millions et la technologie engloutis dans la fournaise.
Notre politique étrangère devrait donc être
revue, non pas à l’aune des enjeux économiques que représentent la vente de
Rafales au Qatar, la non-vente de portes hélicoptères à la Russie, la
remise de la légion d'honneur à un Roi Saoudien (Edit du 20/03) ou bien encore le prix du
carburant à la pompe… mais plutôt selon notre capacité à identifier nos
ennemis en amont avant de les accueillir à l'Elysée, à mettre en place une politique énergétique de transition, à
réaffirmer les convictions et la voix de la France comme un pays souverain.
Des
décennies d’errance diplomatique, de compromis divers au nom de l’intérêt
supérieur de la nation et de ses multinationales nous ont éloigné de nos
idéaux.
Aujourd'hui, l’effondrement de la région est consommé
et le retour "à la normale" semble assez improbable à brève
échéance. Pourtant, si nous voulons que les réfugiés rentrent volontairement chez eux un jour, il va bien
falloir aider à rendre la région plus sûre et là, personne ne semble vraiment avoir de solution
pérenne, à part attiser plus encore les flammes, ce qui ne devrait pas améliorer les conditions de vie des civils sur place dans l'immédiat...
Frapper des objectifs stratégiques tels que des convois ou de raffineries c'est taper directement au portefeuille et cela semble assez efficace. Mais tenter de frapper des cibles
en plein centre-ville au prétexte que nos bombes sont précises, c'est alimenter un nouveau cycle de violence sans fin.