C’est le Wall Street journal qui l'écrit : “De nouveaux signes de ralentissement mondial obscurcissent les perspectives économiques”. Non, vraiment ? « 100 millions d’Américains sans emplois » titrait tout aussi récemment Business Insider. Plus de 10% de chômeurs en France, hausse de 50% des fermetures d'usines, l’Espagne qui vacille, les USA sous assistance respiratoire de la FED, la Grèce en état de mort cérébrale, les signes d’une crise systémique incurable se multiplient.
Pourtant, beaucoup semblent encore espèrer une « sortie par le haut », une sorte de solution globale, quasi-divine et miraculeuse qui serait le fruit d’un consensus entre des gouvernements européens, dont certains n’auront bientôt même plus de quoi payer les retraites et les aides sociales dans leur propre pays s'ils n'empruntent pas sur les marchés…
Au point où nous en sommes, il faudrait peut-être se demander si l’objectif consiste encore à trouver une énième
solution, ou bien à définitivement régler les problèmes ?
Car n’en
doutons pas un seul instant, il se trouvera toujours de brillants esprits qui utiliseront leur
précieuse intelligence pour concevoir de belles solutions complexes comprises
d’eux seuls. Elles
viendront s’empiler, sans retour arrière possible, sur des sparadraps techniques
déjà conçus par d’autres esprits pointus. Ce faisant, le problème initial se complexifie,
devient ingérable et n’est toujours pas résolu.
Joseph Tainter un chercheur américain, démontre
dans son ouvrage la « Chute des sociétés complexes »
que les civilisations atteignant un certain degré de complexité ne peuvent que
décliner, parce que tous les efforts pour maintenir leur stabilité entraînent
un surcroît de complexité de plus en plus ingérable.
Car pour maintenir leur croissance, les sociétés
doivent continuer à résoudre les problèmes à mesure qu’ils surviennent.
Pourtant, chaque problème résolu signifie plus de complexité. Le succès temporaires de certaines "rustines" induit
une population plus nombreuse, plus de spécialistes, plus de ressources à
gérer, plus d’informations à traiter - et, in fine, moins de retour sur
l’argent dépensé.
Tainter s’est aperçu qu’une complexité croissante entraîne des rendements décroissants. Par exemple, le supplément de nourriture produite par chaque heure supplémentaire de travail - les joules d’énergie investis pour cultiver un hectare - diminue à mesure que cet investissement s’accroît.
Tainter s’est aperçu qu’une complexité croissante entraîne des rendements décroissants. Par exemple, le supplément de nourriture produite par chaque heure supplémentaire de travail - les joules d’énergie investis pour cultiver un hectare - diminue à mesure que cet investissement s’accroît.
Au
bout du compte, estime M. Tainter, on atteint un point où toutes les énergies
et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement
pour maintenir son niveau actuel de complexité. Puis, quand le climat change ou
qu’arrivent des crises, les institutions proches du point de rupture
s’effondrent et l’ordre civil avec elles. Ce qui émerge ensuite c’est une
société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle, ou qui est
dirigée par un autre groupe (Tout comme dans le roman "Vicilisation - La Chute"...;-).
Le
contexte qui s’impose à presque tous les gouvernements dans les anciens pays
industrialisés est celui des rendements décroissants.
Les plans d’aide, de sauvetage, les accords multilatéraux, les injections de cash (plus de 380 Milliards d'euros pour la Grèce !), les plans de rigueurs ne produisent plus aucun effet significatif sur les systèmes qui ont du mal à poursuivre indéfiniment leur apogée...
Les plans d’aide, de sauvetage, les accords multilatéraux, les injections de cash (plus de 380 Milliards d'euros pour la Grèce !), les plans de rigueurs ne produisent plus aucun effet significatif sur les systèmes qui ont du mal à poursuivre indéfiniment leur apogée...
Cette
situation se caractérise par une croissance quasi nulle, artificiellement
maintenue par la dette et les bidouillages statistiques, afin de ne surtout pas
prononcer les mots tabous de « récession » ou de
« décroissance ».
Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, Démocrates ou Républicains, Travaillistes ou Conservateurs n’aura sans doute pas de grands impacts, car c’est le même problème structurel qui est à l’œuvre un peu partout dans le monde moderne. Les bannières politiques seront de peu d'utilité face à des systèmes et des organisations hors de contrôle, qui ne peuvent plus aller que dans un sens : celle d'une fuite en avant accélérée et d'une complexité croissante…
Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, Démocrates ou Républicains, Travaillistes ou Conservateurs n’aura sans doute pas de grands impacts, car c’est le même problème structurel qui est à l’œuvre un peu partout dans le monde moderne. Les bannières politiques seront de peu d'utilité face à des systèmes et des organisations hors de contrôle, qui ne peuvent plus aller que dans un sens : celle d'une fuite en avant accélérée et d'une complexité croissante…
Les
signes perçus dans notre quotidien nous confirment qu’il se passe quelque chose
d’unique à l’échelle de nos vies, et d’absolument impensable pour les
générations précédentes qui ont bénéficié des "30 glorieuses". Tellement impensable, que nous avons parfois du mal à réaliser
ce qui se trame, et à mettre des mots pour matérialiser le problème dans sa globalité.
Si
nous voulons surmonter cette crise, contre laquelle les schémas classiques sont
inopérants, il faut sans doute changer de méthode et d’échelle, s'extraire de nos
conditionnements et tenter d'explorer modestement de nouvelles pistes, armés de notre seule intuition et de notre bon sens...
C’est
sans doute le principal enjeu auquel devra faire face une humanité libérée de
certaines contraintes naturelles et poussée par le sentiment de son
invincibilité : admettre sa propre finitude, et accepter de remettre en
question les dogmes qui ont bercé les consciences avant qu'il ne soit trop tard...
Sources :