vendredi 29 novembre 2013

Globalisation ou relocalisation ?

La mondialisation implique une course sans fin aux coûts les plus bas. La globalisation des marchés accroît la concurrence, exacerbe les disparités compétitives géographiques, et fait fondre les marges, donc à terme, les emplois des zones moins compétitives.

A quoi bon chercher à produire des biens moins chers à l’autre bout de la planète, si personne ne peut plus les acheter, même à crédit ? (Sans compter les impacts en terme d'acheminement)

Une analyse intéressante nous est livrée dans «The price of inequality» (aux éditions Norton ) par Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie sur les effets de la mondialisation.

Les remèdes préconisés semblent plus interventionnistes, monétaires et étatiques. Mais lorsque l’on demande à un économiste de proposer des solutions pour demain, il ne faut pas s'étonner d'obtenir des réponses mécanistes et systémiques et, le plus souvent, orthodoxes...

Alors soyons iconoclastes, et lançons une idée folle : si la concentration de la production de ces 50 dernières années a finalement conduit à inexorablement détruire de la valeur et des emplois, que se passerait-il si les gouvernements favorisaient la déconcentration et la relocalisation vers lieux de production plus atomisés sur le territoire national ?

Que se passerait-il si, un arsenal légal, fiscal, juridique permettait de stimuler la création, non pas de concentrations industrielles recherchant l'optimisation maximale pour survivre, mais au contraire de sites de production volontairement « redondants », régionaux, délivrant localement les biens manufacturés sur place ?

lundi 14 octobre 2013

Quand les subprimes et le futur krach obligataire nous inspirent...


Ce fut une onde de choc. Elle arriva d’abord des USA en 2008 et enfin de toutes les directions, depuis toutes les places mondiales. S’entrelaçant en vagues complexes, répercutant et amplifiant des phénomènes anodins, rasant des millions emplois d’un revers de la main, expropriant des familles et détruisant les espoirs d’avenir.

Le grand public incrédule découvrit alors pour la première fois les conséquences de décennies d’abus financiers, l’explosion des subprimes et l’endettement à peine concevable de la plupart des pays modernes vivant à crédit afin de prolonger l’illusion du modèle planétaire jusqu’aux prochaines élections.

Pour l’homme de la rue, encore bercé aux illusions d’une glorieuse croissance sans fin, la prise de conscience fut rude et peut-être salutaire pour certains . Elle marque sans doute un tournant dans l’appréhension de notre avenir. Une sorte d’électrochoc, capable de faire évoluer les perceptions et de faire bouger les lignes, car une onde de choc précède toujours une explosion. Peut-être celle du modèle néo-libéral et du paradigme  d'une modernité sans limite ?

Cette révélation fut le déclencheur de l’écriture de « Vicilisation – La Chute », avec l’envie d’explorer de manière romanesque et ludique l’hypothèse d’une aggravation de la crise mondiale actuelle en suivant les aventures d’un jeune architecte emporté dans le tourbillon d’une explosion économique et sociale.  C'est peut-être la fin du monde tel que nous le connaissons, mais ce n'est pas la fin du monde pour autant...

jeudi 17 janvier 2013

"Vicilisation - La Chute" gagnant du concours littéraire Book Story !!

"Vicilisation - La Chute" vient de remporter le concours littéraire organisé par BookStory, première plateforme de social reading en France. 

Le roman est désormais disponible en téléchargement au format ebook chez Bookstory qui innove dans son approche en permettant non seulement aux internautes d'échanger des avis et de dialoguer avec l'auteur, mais aussi de proposer les romans plébiscités par les lecteurs aux maisons d'éditions "classiques".

Les 10 premiers exemplaires en téléchargement sont gratuits !!!

Alors cliquez vite sur ce lien pour télécharger gratuitement "VICILISATION - La Chute", et surtout n'oubliez pas de donner votre avis.


vendredi 10 août 2012

Pannes électriques monstres : des éoliennes pour éviter le black-out civisationnel ?

Les échanges animés entre pros et anti-éoliens révèlent une certaine difficulté à changer d’échelle de raisonnement dans un monde où la production, les infrastructures et la distribution d’énergie ont toujours été conçus globalement et de manière industrielle. Mais les solutions énergétiques de demain doivent-elles forcément rimer avec "gigantisme", et s’inscrire dans cette même logique centralisatrice qui a prévalu dans les années 50 ?

Depuis l’après-guerre des programmes énergétiques massifs ont impliqué des chantiers et des investissements colossaux, afin d’atteindre le modèle actuel capable de délivrer en tout point du territoire des quantités croissantes d’électricité.

Depuis quelques décennies, les progrès technologiques et la nécessité de trouver d’autres sources d’énergie, ont aussi permis de dégager un certain nombre d’opportunités regroupées sous l’appellation d’énergies renouvelables au rang desquelles nous trouvons : l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie des vagues (ou houlomotrice), l’hydroélectricité, l’énergie géothermique, l’énergie issue de la biomasse, peut-être celle des piles à combustible ou encore de l’énergie marémotrice.

Ces nouvelles sources d’énergie seront nécessaires pour faire face à l’explosion de notre demande, car d’ici à 2035, si rien ne change, la demande en électricité devrait doubler (Source Agence Internationale de l’énergie AIE).

D’ici à 2035, si rien ne change, un peu plus de 6 000 milliards de dollars devront être investis dans le monde dans les réseaux de distribution, et environ 5 000 milliards dans la production d’électricité afin d’éviter des ruptures qui pourraient être catastrophiques.

Les principales coupures de courant de ces dernières années, et plus récemment les pannes électriques monstres survenues en Inde, privant plus de 700 millions de personnes d’électricité durant des heures, sont assez symptomatiques de la surcharge non seulement des moyens de production, mais aussi des infrastructures de distribution qui ne parviennent plus à suivre l’explosion de la consommation.

Imaginez un seul instant, une bonne partie d’un pays de plus d’un milliard de personnes, suspendu dans son élan avec des mineurs bloqués au fond des mines, des personnes dans les ascenseurs, des centrales nucléaires que l’ont doit arrêter dans l’urgence, des trains bloqués en gare ou en rase campagne, des avions qui ne décollent plus, des embouteillages monstres, des climatisations en panne, l’eau qui ne monte plus en haut des tours, des call-center et des usines informatiques à l’arrêt, des approvisionnements qui n’arrivent pas à destination, des vivres qui se perdent… Un scénario catastrophe à peine concevable, et pourtant bien réel, conséquence d'une seule « petite » journée de black-out…

Scénarios d'évolution de la demande en énergie en 2035Et partout dans le monde, le même constat s’impose aux géants aux pieds d’argile : la demande en énergie continue d’exploser, et les trois scénarios prospectifs de l’AIE ne sont guère optimistes quant à un éventuel infléchissement de la consommation énergétique dans le futur.

Rappelons simplement qu’aujourd’hui les principaux moyens de produire de l’électricité dans le monde, sauf en France où nous avons fait d’autres choix (avec d’autres conséquences), sont le charbon et le pétrole, dont tout le monde sait qu’ils ne sont pas inépuisables et rejettent du Co2…

Dans ce contexte, les énergies dîtes « renouvelables » apparaissent comme une alternative pour réduire les émissions des gaz à effet de serre, même si l’AIE intègre dans le « renouvelable » les biocarburants et le nucléaire… Ce qui fait débat, on s’en douterait.

De manière plus générale (et pour tenter de changer d’échelle et de perspective justement...), nous pourrions facilement superposer les courbes de consommation d’énergie, avec celle de l’endettement des pays ou des ménages, celle du nombre de suicides, du chômage, des défaillances d'entreprises, des cancers, des tonnes de déchets produits par une famille, et des nombreuses autres conséquences de nos choix de vie... 

A bien y regarder (toujours de loin…), notre monde ne semble plus aller que dans un sens : celui de l’accélération exponentielle et celui de l’accroissement vertigineux des courbes vers un but connu d’elles seules. Nous sommes apparemment condamnés à vivre dans toujours plus de complexité, de pollution et de vitesse. Ce sont les principaux tribus à payer pour notre confort, et pour ce qu’il nous reste d’abondance, de progrès et de facilité.

Un état de grâce dont nous avons bénéficié durant plus d’un siècle, et dont les pays émergents, devenus à leur tour les plus grands pollueurs de la planète, veulent aussi profiter. Au nom de quoi pourrions-nous les en empêcher, alors que nous utilisons tous jours les gadgets qu’ils fabriquent à bas coût, sans nous soucier des conséquences à moyen et long terme ? 

Entrainés dans cette spirale infernale nous ne voulons, ou ne pouvons plus changer notre mode de vie qui offre encore quelques avantages auxquels nous nous accrochons. Alors nous préférons nous interroger sans fin sur les possibilités de maintenir cette gabegie, coûte que coûte, en utilisant les technologies qui se présentent ; plutôt qu’en nous demandant comment elles pourraient progressivement contribuer à réformer nos fonctionnements, et éviter le mur qui se dresse en face de nous…

L’éolien est assez emblématique de ce débat abscond, de cette incapacité à modifier les schémas et les conditionnements, tout en continuant à emprunter sans fin les mêmes chemins, la même dialectique, les mêmes arguments au service de visions souvent doctrinaires et passéistes.

Il y a de nombreux thèmes intéressants autour de l’éolien, mais celui qui pourrait illustrer plus précisément mon propos, concerne la capacité de production d’une éolienne :

Il faut savoir qu’une éolienne moderne peut désormais produire jusqu’à 6 MW/heure (Méga Watt). Ça c’est la théorie lorsque l’éolienne est à pleine charge, 24h/24h, avec un vent idéal toute l’année. Ce n’est évidemment jamais le cas, ce qui fait que les experts s’accordent à dire (après moultes palabres) que dans la pratique une éolienne a une charge annuelle de 20 à 25%, voire 30%, et produit entre 2 et 4 MW/heure.

Que m’on me pardonne mon imprécision, mais l’objet n’est vraiment pas de rentrer dans un débat de chiffres et de virgules avec des experts très compétents, à qui je laisse cet aspect si ça les amuse… Il faut simplement retenir que la technologie va en s’améliorant, que l’on parle de solutions à 10 MW pour le futur, ce qui ne paraît pas totalement délirant, vu que les premières éoliennes tournaient péniblement à 2 MW…

En creusant le sujet, j’ai découvert avec intérêt qu’il y a un (relatif) consensus sur le fait qu’une seule éolienne puisse alimenter grosso modo entre 800 et 1000 foyers selon son exposition et sa charge annuelle. L’abaque utilisé par certains experts est d’environ 1000 foyers par Méga Watt (sans que ce soit gravé dans le marbre…). 

C’est à la fois beaucoup, en termes de personnes, mais c’est aussi très peu au regard des gigantesques besoins électriques de nos agglomérations qui concentrent en France plus de 80% de la population sur moins de 20% du territoire. 

Les anti-éoliens démontrent ainsi très facilement qu’il faudrait des milliers d’éoliennes pour alimenter nos mégalopoles et que, à périmètre constant, cette solution miracle perd de son efficacité.

Effectivement, si nous conservons les mêmes lieux de vie, les mêmes concentrations urbaines, les mêmes niveaux de consommation, l’éolien représente une goutte d’eau dans l’océan en expansion de nos besoins. On parle de projets à plus de 15000 éoliennes géantes, importées à grands frais, défigurant les paysages, pour produire de manière aléatoire quelques Mégawatts supplémentaires... 

Mais c’est un peu comme si nous trouvions logique de reprocher à une Twingo de ne pas afficher les mêmes performances qu’une Formule 1… On perçoit bien que le débat est complètement faussé si le schéma consiste à se demander s'il serait possible de continuer à vivre dans notre confort, sans rien changer, en produisant autant d’électricité avec des éoliennes qu’avec des centrales…
Ce n’est pas envisageable, et ce n’est vraiment pas leur usage ni leur périmètre d'utilisation (me semble t-il).

C’est l’endroit où je décroche dans le débat sur l’éolien : je ne comprends pas pourquoi "personne" ne propose de progressivement alimenter des hameaux, des villages ou des bourgs, avec une ou plusieurs éoliennes ? L'éolien, couplé à d'autres sources d'énergie comme la méthanisation par exemple, peut progressivement apporter des solutions.  Une poignée de collectivités locales développent de tels projets mixant plusieurs sources avec comme objectifs l'autonomie énergétique et la création d'emplois comme à Montdidier, où 53% de l'électricité consommée provient des éoliennes municipales (2 800 clients particuliers, 300 clients professionnels et 6 400 habitants desservis).

Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui s’oppose (techniquement, légalement, financièrement…) à ce qu’une (ou plusieurs) éolienne(s) alimente(nt) directement 1000, 2000 ou 3000 habitants en complément d’autres sources (puisque l’éolien produit de manière intermittente) ? 

L’objet de cette démarche ne consiste pas à vouloir absolument apporter une solution globale, immédiate et centralisée à la production et à la distribution d’énergie, mais simplement de commencer à répondre localement, et de manière pragmatique, à des besoins qui peuvent désormais être couverts par de l’éolien puisque de nouvelles technologies existent et permettent un mix avec d’autres énergies.

Dans ce contexte, l’éolien pourrait être une des pièces du puzzle, sans être la panacée... mais il pourrait contribuer à amorcer un mouvement de réorganisation énergétique avec une vraie volonté politique pour favoriser des initiatives locales plutôt que la concentration.

Ainsi, plutôt que de maintenir une infrastructure énergétique centralisée autour de pôles nucléaires au centre d’un maillage de lignes haute tension, peut-être pourrions-nous progressivement développer une infrastructure décentralisée d’éoliennes desservant des lieux visant à l’autonomie énergétique ? Une sorte d’architecture distribuée proche du modèle internet, mais appliquée à l’énergie… L'autre avantage non négligeable de cette approche, c'est qu'en multipliant les lieux de production d'énergie, des emplois seront créés afin d'entretenir les infrastructures locales.

J’avoue humblement mon ignorance technique sur ce sujet qui me passionne en tant que citoyen, mais j’imagine bien une géographie progressivement redessinée dans laquelle des villages pourraient acquérir une certaine autonomie énergétique se couplant à une agriculture de proximité, et à des réductions dans notre manière de consommer. Additionnées les unes aux autres, les conséquences de ces initiatives sur nos émissions devraient être significatives et produire d'autres bénéfices au niveau des individus et surtout de leur qualité de vie. 

Mais pour l’instant, force est de constater que dans notre monde global, industriel et concentré, il faut encore la puissance cumulé du thermique et du nucléaire pour alimenter « la bête » à satiété. Notre politique énergétique actuelle n’est que la conséquence de nos modes de vie. On ne pourra pas réformer l’un sans changer l’autre : ainsi on ne peut pas prétendre améliorer les choses avec l'éolien si la démarche ne se couple pas avec un changement de mode de vie (et de consommation).

Au delà de cette approche, ce sont deux mondes qui s'affrontent: celui qui prétend que les solutions doivent être globales et centralisées depuis des bureaux quelque part à Bruxelles, et celui qui pense que les technologies peuvent désormais servir à développer des solutions locales à taille humaine et faible empreinte écologique. Cela n'exclut pas la concertation et la coordination au niveau européen ou national, mais permet surtout aux individus de se réapproprier des débats qu'ils ont abandonné depuis longtemps. Les énergies alternatives apparaissent comme un levier de transformation intéressant susceptible de nous éviter un black-out civisationnel.

mardi 5 juin 2012

Faut-il continuer à trouver des solutions, ou bien essayer de régler les problèmes ?

C’est le Wall Street journal qui l'écrit : “De nouveaux signes de ralentissement mondial obscurcissent les perspectives économiques”. Non, vraiment ?  « 100 millions d’Américains sans emplois » titrait tout aussi récemment Business Insider. Plus de 10% de chômeurs en France, hausse de 50% des fermetures d'usines, l’Espagne qui vacille, les USA sous assistance respiratoire de la FED, la Grèce en état de mort cérébrale, les signes d’une crise systémique incurable se multiplient. 


Pourtant, beaucoup semblent encore espèrer une « sortie par le haut », une sorte de solution globale, quasi-divine et miraculeuse qui serait le fruit d’un consensus entre des gouvernements européens, dont certains n’auront bientôt même plus de quoi payer les retraites et les aides sociales dans leur propre pays s'ils n'empruntent pas sur les marchés…

Au point où nous en sommes, il faudrait peut-être se demander si l’objectif consiste encore à trouver une énième solution, ou bien à définitivement régler les problèmes ? 

Car n’en doutons pas un seul instant, il se trouvera toujours de brillants esprits qui utiliseront leur précieuse intelligence pour concevoir de belles solutions complexes comprises d’eux seuls. Elles viendront s’empiler, sans retour arrière possible, sur des sparadraps techniques déjà conçus par d’autres esprits pointus. Ce faisant, le problème initial se complexifie, devient ingérable et n’est toujours pas résolu.

Joseph Tainter un chercheur américain, démontre dans son ouvrage la « Chute des sociétés complexes »  que les civilisations atteignant un certain degré de complexité ne peuvent que décliner, parce que tous les efforts pour maintenir leur stabilité entraînent un surcroît de complexité de plus en plus ingérable.

Car pour maintenir leur croissance, les sociétés doivent continuer à résoudre les problèmes à mesure qu’ils surviennent. Pourtant, chaque problème résolu signifie plus de complexité. Le succès temporaires de certaines "rustines" induit une population plus nombreuse, plus de spécialistes, plus de ressources à gérer, plus d’informations à traiter - et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé.

Tainter s’est aperçu qu’une complexité croissante entraîne des rendements décroissants. Par exemple, le supplément de nourriture produite par chaque heure supplémentaire de travail - les joules d’énergie investis pour cultiver un hectare - diminue à mesure que cet investissement s’accroît.

Au bout du compte, estime M. Tainter, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir son niveau actuel de complexité. Puis, quand le climat change ou qu’arrivent des crises, les institutions proches du point de rupture s’effondrent et l’ordre civil avec elles. Ce qui émerge ensuite c’est une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle, ou qui est dirigée par un autre groupe (Tout comme dans le roman "Vicilisation - La Chute"...;-).

Le contexte qui s’impose à presque tous les gouvernements dans les anciens pays industrialisés est celui des rendements décroissants. 
Les plans d’aide, de sauvetage, les accords multilatéraux, les injections de cash  (
plus de 380 Milliards d'euros pour la Grèce !), les plans de rigueurs ne produisent plus aucun effet significatif sur les systèmes qui ont du mal à poursuivre indéfiniment leur apogée... 

Cette situation se caractérise par une croissance quasi nulle, artificiellement maintenue par la dette et les bidouillages statistiques, afin de ne surtout pas prononcer les mots tabous de « récession » ou de « décroissance ».

Que les gouvernements soient de gauche ou de droite, Démocrates ou Républicains, Travaillistes ou Conservateurs n’aura sans doute pas de grands impacts, car c’est le même problème structurel qui est à l’œuvre un peu partout dans le monde moderne. Les bannières politiques seront de peu d'utilité face à des systèmes et des organisations hors de contrôle, qui ne peuvent plus aller que dans un sens : celle d'une fuite en avant accélérée et d'une complexité croissante…

Les signes perçus dans notre quotidien nous confirment qu’il se passe quelque chose d’unique à l’échelle de nos vies, et d’absolument impensable pour les générations précédentes qui ont bénéficié des "30 glorieuses". Tellement impensable, que nous avons parfois du mal à réaliser ce qui se trame, et à mettre des mots pour matérialiser le problème dans sa globalité.

Si nous voulons surmonter cette crise, contre laquelle les schémas classiques sont inopérants, il faut sans doute changer de méthode et d’échelle, s'extraire de nos conditionnements et tenter d'explorer modestement de nouvelles pistes, armés de notre seule intuition et de notre bon sens...

C’est sans doute le principal enjeu auquel devra faire face une humanité libérée de certaines contraintes naturelles et poussée par le sentiment de son invincibilité : admettre sa propre finitude, et accepter de remettre en question les dogmes qui ont bercé les consciences avant qu'il ne soit trop tard...

Sources :

samedi 28 avril 2012

Pensée du jour:


"Tout se passe comme si l'espèce humaine avait choisi de mener une vie brève mais excitante, laissant aux espèces moins ambitieuses une existence longue mais monotone."

Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994)

"La décroissance"
Entropie – Écologie - Économie

jeudi 27 octobre 2011

Quel modèle de société pour demain, à part reculer pour mieux sauter ?

Doit-on se réjouir des annonces triomphantes des dirigeants européens qui, les traits tirés par leurs négociations nocturnes, nous annoncent, tels des chirurgiens ayant miraculeusement sauvé un mourant après des heures d’opération, que « l’Europe est sauvée » et que « le risque de contagion est circonscrit » ?

N’avons-nous pas déjà entendu les mêmes messages rassurants à l’issue des 10 précédents sommets censés sauver la planète, le monde moderne, et notre galaxie toute entière ?

Derrière les postures et les effets d’annonce, constatons simplement que de nouveaux milliards d’euros vont encore être injectés dans le tonneau des danaïdes des dettes souveraines, qu’aucune solution structurelle durable n’est proposée (à part effacer une partie l’ardoise Grecque), et que le nouveau prêt va intégralement servir au remboursement des emprunts Grecs.

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), va voir sa capacité de 440 milliards d’euros encore renforcée, et aucune rupture avec la logique qui est à l’origine même de cette crise n’est évoquée. Pourquoi ?

Tout d'abord, parce qu'il est souvent difficile de régler un problème de l'intérieur en faisant appel à ceux qui l'ont créé Ensuite, parce qu'il en faudrait du courage politique pour reconnaître que les vieilles recettes ne fonctionnent plus, qu'emprunter pour rembourser nous conduit dans une impasse alors que la croissance est nulle. Mais le mouvement général de ces dernières décennies tend irrémédiablement vers plus de globalisation et "d'irresponsabilité organisée" (pour reprendre l'expression du sociologue Ulrich Beck), au détriment d’individus piégés dans des organisations qui les dépassent complètement.

Finalement, peut-être que nos dirigeants sont animés de bonnes intentions, peut-être pensent-ils vraiment que cette crise pourra être réglée par le haut, de manière incantatoire, au nom de ceux qui leur ont aveuglément délégué leur citoyenneté en espérant l'avènement d'un messie providentiel.

Mais peut-être savent-ils aussi au fond d’eux-mêmes que la situation est grave si le pouls de l'économie reste faible, qu’il faut continuer à donner le change et ne pas scier, tant qu’elle tient encore,  la branche sur laquelle ils sont tous assis, comme l’étaient avant-eux ceux qui les ont coopté pour que les dispositifs et le dogme de la croissance sans fin perdurent.

Depuis des mois on nous parle de systèmes, de mécanismes et d’organisations à sauver. Des technocrates, issus de ces mêmes agencements supra nationaux, nous expliquent doctement, comme à des enfants dont le jouet est cassé, qu’il est réparable et qu’il faut garder espoir… 

Les individus en bout de chaîne ont totalement disparu des considérations. Qui parle de la détresse de ceux qui n’ont plus rien et cherchent des solutions ? De ceux qui tentent de nourrir leur famille et de se loger dignement ?

La réalité dans les bassins d’emplois ravagés, dans les zones péri-urbaines où le chômage officiel culmine à plus de 20% et dans certaines zones rurales est tout autre : le modèle ne parvient plus à donner durablement des places à tout le monde, et la croissance artificielle obtenue grâce au crédit pas cher durant les dernières décennies est révolue.

Après les 30 glorieuses, les Etats-unis sont parvenus à maintenir une croissance factice grâce à la surexploitation des crédits privés, conduisant à la crise des subprimes de 2008 et ses conséquences sociales... (Je vous conseille à ce propos l'excellent film: "The big short: le casse du siècle", c'est édifiant !). En Europe, ce sont les gouvernements qui ont compensé le déclin par une augmentation des dépenses publiques conduisant aux mêmes excès... Dettes privées ou dettes publiques, dans les deux cas, il faut payer.

Malgré les bricolages financiers et les rafistolages technico-politiques d’urgence, le modèle basé sur le paradigme d'un développement perpétuel et sur une croissance économique constante a atteint son apogée, et entame une descente rapide, ne contredisant pas en ce sens les lois fondamentales de la nature et les constantes universelles.

Face à cette fin organique annoncée, le casting politique est assez riche, chacun y allant de sa solution, mais toujours sur un même schéma mental consistant à expliquer qu’un leader providentiel ou qu’un parti alternatif détient le secret de la croissance, et qu’une gestion centralisée, étatique et globale de la problématique produira des effets positifs au terme de « gros efforts » que certains n’imposeraient même pas à leur chien.

Peut-être devrions-nous sérieusement envisager la possibilité qu’il n’y ait pas (ou plus) de solution globale, plus de croissance (même artificielle), et pas de messie ou d’hyper dirigeant omniscient capable de stopper seul cette fin de civilisation ?

Mais ne rêvons pas : tant qu’il y aura de brillants orateurs pour expliquer qu’ils ont la réponse, ou qu’ils sont capables de la trouver, il y aura toujours des foules béates emplies d’espérance pour les écouter et voter pour eux, avant de les destituer aux élections suivantes. 

Alors, difficile de prévoir quand tout ceci cessera de fonctionner, mais constatons simplement qu’un modèle assis sur un impératif de consommation et de croissance risque de s’asphyxier si plus personne n’est capable de consommer, faute de travail et de crédit.

Les dirigeants des pays industrialisés l'ont bien compris et tentent désespérément de fournir des emplois, même subventionnés sur le budget de l'état déjà dans le rouge, pour que les électeurs puissent continuer à consommer avec de l’argent qu’ils n’ont pas, des biens qu’ils ne produisent plus depuis longtemps. En tant que fournisseurs concernés au premier chef, les Chinois seraient même prêts à nous aider dans cette voie...

Un beau projet de société en somme, où des masses endoctrinées, bombardées de publicités, pourront continuer à se ruer sur du rêve en boîte. Mais ne nous égarons pas, il s'agit d'un autre sujet qui fera l'objet d'un billet spécifique.

Pour l'heure, c'est le même constat un peu partout dans le monde industriel occidental : les emplois disparaissent, la consommation baisse et les crédits sont à l’arrêt, contraignant le consommateur à ne plus consommer, et l’emprunteur à ne plus rembourser. Injecter du cash dans la machine ou effacer les dettes retardera sans doute l’échéance, mais ne réglera pas fondamentalement cette crise systémique qui s’avère surtout être une crise de sens, d'imagination et de trajectoire.

Des millions de personnes ont déjà été expurgées sans ménagement de la matrice qui les a allégé du peu d’épargne qu’elles avaient encore. Elles se retrouvent hagardes à errer dans les décombres des cités radieuses et dans les bidonvilles qui fleurissent désormais en périphérie des grandes capitales occidentales.

"Révolution!" crieront certains indignés au bord du vide, "Evolution!" proposeront d'autres modérés moins proches du gouffre. Mais les uns ne sont pas assez nombreux, et les autres trop consensuels pour parvenir à enclencher quoi que ce soit de "disruptif"... Mais peut-être qu'il n'y aura pas besoin de révolution pour renouveler le modèle finalement: il pourrait s’effondrer tout seul sur lui-même faute de carburant, rongé dans sa logique consumériste et gavé de certitudes ostentatoires.

Quelque part, chaque crise recèle des opportunités : ceux qui affirmaient avoir une solution finiront par ne plus être entendus, noyés dans les grondements des peuples, et ceux qui pensaient que d’autres, plus intelligents et éduqués qu’eux, allaient leur trouver une issue miraculeuse sans rien changer à leurs comportements, finiront par découvrir que ce sont eux qui détiennent une partie de la réponse.

Et parce qu’ils n’auront plus le choix, certains dé-consommeront et fuiront les villes comme c’est déjà le cas en Grèce et en Italie où cette révolution par défaut est déjà en marche, d’autres seront obligés de mettre en œuvre des solutions de proximité pour se nourrir et se loger, tout simplement.

Alors, peut-être que des centaines, des milliers, puis des millions de réponses et d'initiatives portées par des individus, ou des groupes d’individus, coupés du politique, contraints par l’absence d’option et par la nécessité de subvenir à leurs besoins élémentaires, finiront par s’agréger et se coordonner afin de spontanément refonder un nouveau sens, et tracer de nouvelles perspectives.

Ce sera peut-être la fin du monde tel que nous l’avons connu, mais ce ne sera pas la fin du monde pour autant…

Les deux tomes de Vicilisation sont sur le podium des ventes chez Amazon !

 "La Chute" (Tome 1) et "Refondation" (Tome 2) sont classés dans le Top 3 des meilleures ventes sur Amazon. Les deux rom...