jeudi 26 novembre 2015

Exporte démocratie contre terrorisme...

C’est notamment sur les ruines laissées par les américains en Irak à partir de 2003 avec l’opération « IrakFreedom », puis dans les désordres savamment attisés des « Printemps arabes » et enfin dans les guerres de Libye, de Syrie et d’Afghanistan (de 2001 à 2014 avec l’opération « Liberté Immuable »), et dans tout ce que la coalition occidentale conduite par les USA a semé comme chaos dans le monde arabe que nous récoltons aujourd’hui des désordres en Europe.

Certes, le terrorisme existait avant, mais pas dans de telles proportions. Attentats, insécurité, crises humanitaires, tensions diverses, migrants… Ne pensez-vous pas que la majorité des gens préfèrent vivre en paix dans leur pays, plutôt que d’aller mendier chez les voisins et risquer leur vie en traversant la méditerranée dans des coques de noix ?

Mais la nature a horreur du vide, et les abysses créés ont donc été occupées par une internationale djihadiste en Irak, en Libye et en Syrie, privés totalement ou partiellement, de leurs infrastructures et de leurs dirigeants historiques jugés comme "mauvais" et/ou appartenant à "l'axe du mal". L'Amérique, nation manichéenne, autoproclamée gardienne de la démocratie, a préféré laisser des religieux prendre la place de dictateurs et a favorisé le renforcement d’un nouvel ennemi, sans lequel elle a décidément du mal à exister (on en viendrait presque à regretter la bonne vieille époque de la guerre froide). Deux générations de cow-boy, les Bush père et fils pour ne pas les nommer, ont volontairement dévasté la région au prétexte d’exporter la démocratie le chaos dans ces pays lointains en n'hésitant pas à présenter de fausses preuves au monde entier, comme pour la guerre d'Irak.

Libye - Avant - Après
C'est notamment dans ce terreau qu'un nouveau genre de terrorisme s'est développé et s'exporte, comme la "démocratie" a su si bien le faire... Si désormais l’EI, nous est présenté comme un état à part entière, organisé, structuré avec une capitale et des ministères, c’est parce « qu’on » la laissé prendre ses aises, massacrer les minorités, développer son idéologie mortifère, raser des sites archéologique et c’est aussi parce que certains pays consommateurs lui achètent du pétrole à pas cher et que cette manne financière, estimée entre 1,2 et 3 millions de dollars par jour, va au paiement des troupes (300 euros/jours par combattant) et à l’achat d’armes, vendues par qui ? Par ceux capables d'en produire... La France a aussi vendu des armes aux rebelles Syriens dès 2012avant que certaines ne tombent dans de mauvaises mains, oops !

Dans l’urgence qui est la nôtre, il faut évidemment traiter les symptômes visibles sur notre territoire, mettre hors d’état de nuire les menaces identifiées (et toutes ne le sont pas), expulser ceux qui peuvent l’être et contenir la contagion au travers d’actions militaires dont le périmètre devrait toutefois rester limité.

En effet, il importe surtout de traiter les causes structurelles moins visibles qui ont permis l’émergence de ce monstre protéiforme insaisissable qu’est l’EI. Nous sommes dans une « guerre asymétrique » contre un ennemi diffus qui n’est pas qu’en Irak et en Syrie. A part quelques drapeaux sur des pick-up ou au sommet d’une colline, nous n’avons pas affaire à une organisation qui a les moyens d’afficher des cibles aussi visibles.

Dans le chaos actuel, vue du ciel, quelles sont les capacités de la France a identifier des cibles indépendamment de celles que nous fournissent les USA ? Si cela est avéré, pourquoi ne bombarde t-on pas nous aussi les convois de camions citerne transportant du pétrole hors de Syrie au travers de la Turquie (!) tels que décrit par le Président Poutine dans une conférence dont on n'a pas entendu parler dans les médias mainstream ?

Il suffit de connaître un peu l'histoire pour savoir que cette offensive "conventionnelle" n’aboutira pas aux résultats escomptés comme le prouvent l’ensemble des opérations militaires internationales conduites dans la région depuis des années, et malgré les millions et la technologie engloutis dans la fournaise.

Notre politique étrangère devrait donc être revue, non pas à l’aune des enjeux économiques que représentent la vente de Rafales au Qatar, la non-vente de portes hélicoptères à la Russie, la remise de la légion d'honneur à un Roi Saoudien (Edit du 20/03) ou bien encore le prix du carburant à la pompe… mais plutôt selon notre capacité à identifier nos ennemis en amont avant de les accueillir à l'Elysée, à mettre en place une politique énergétique de transition, à réaffirmer les convictions et la voix de la France comme un pays souverain.
Des décennies d’errance diplomatique, de compromis divers au nom de l’intérêt supérieur de la nation et de ses multinationales nous ont éloigné de nos idéaux.

Aujourd'hui, l’effondrement de la région est consommé et le retour "à la normale" semble assez improbable à brève échéance. Pourtant, si nous voulons que les réfugiés rentrent volontairement chez eux un jour, il va bien falloir aider à rendre la région plus sûre et là, personne ne semble vraiment avoir de solution pérenne, à part attiser plus encore les flammes, ce qui ne devrait pas améliorer les conditions de vie des civils sur place dans l'immédiat...

Frapper des objectifs stratégiques tels que des convois ou de raffineries c'est taper directement au portefeuille et cela semble assez efficace. Mais tenter de frapper des cibles en plein centre-ville au prétexte que nos bombes sont précises, c'est alimenter un nouveau cycle de violence sans fin.

samedi 24 octobre 2015

"Comment tout peut s'effondrer" Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Comment tout peut s'effondrerAyant enfin réussi à me reconnecter sur mon blog, je partage avec vous quelques découvertes et rencontres susceptibles d’intéresser les lecteurs de "Vicilisation - La Chute". J’ai échangé cet été avec Pablo Servigne, co-auteur d'un "Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes", nous avons troqué nos ouvrages et j’ai trouvé de nombreuses connexions entre les travaux des deux chercheurs et le roman. 

S’il était possible de résumer cette convergence en une seule phrase, je dirais que nous sommes d’accord sur le fait que « c’est sans doute la fin du monde tel que nous le connaissons, mais que ce n’est pas la fin du monde pour autant ».

La fin programmée du monde connu ne signifie pas pour autant la fin du monde tout court (sauf modification climatique radicale rendant le vie sur terre impossible), mais potentiellement la résurgence de nouvelles pousses sur des formats qui restent à définir.

Et c’est là une des premières difficultés de la démarche, car elle implique de préalablement « renoncer à l’avenir que nous nous étions imaginé » (les auteurs parlent d’ailleurs de démarche de « deuil »). Accepter l’idée que le monde de demain ne voit pas le triomphe annoncé d'une humanité en lévitation, c’est effectivement renoncer à d’indiscutables et saintes certitudes pour admettre que le futur ne ressemblera pas forcément à ce que les trois générations actuellement en vie avaient acheté dans le catalogue de l’utopie croissante.

L’autre difficulté consiste à imaginer ensuite de quoi sera fait demain… Dans ce domaine, nous nous heurtons à la fois à des comportements personnels tels que le déni face à l’évidence qui grossit, mais aussi à notre incapacité à être collectivement inventifs, à sortir des schémas actuels (industriels, agricoles, énergétiques, sociaux, politiques…) pour essayer de concevoir des solutions plus pérennes et résilientes. 

Le Champ des Possibles:  interview de Pablo Servigne
Le travail de ces auteurs vient s’ajouter aux nombreuses alertes déjà lancées par d’autres illustres prédécesseurs œuvrant dans des disciplines variées (Meadows, Giec, Tainter, Roagen…), mais dont les approches convergent toutes vers une même conclusion : l’effondrement total ou partiel (en mosaïque) de la civilisation occidentale consumériste est certain, mais des interrogations demeurent encore sur la « chaîne causale » qui conduira nos systèmes complexes à se dérégler, puis à basculer vers des comportements difficiles à prévoir dans le détail.

Face à la froideur des chiffres, des révélations ou des confirmations qu’apportent les auteurs (prévoyez un soutien psychologique ou SOS amitié ! ;-), je retiens néanmoins un message positif dans cet ouvrage :

L’histoire nous apprend qu’en temps de crise, la majorité des individus sont à la recherche de sécurité avant tout, et sont bien moins enclins à la violence parfois décrite par l’industrie du cinéma post-apocalyptique. « Les comportements de compétition et d’agressivité sont mis de côté (…) Comme si des conditions extraordinaires faisaient ressortir  des comportements extraordinaires ». (…) Invisible en temps normal, ces mécanismes de cohésion sociale très puissants permettent à une communauté de renaître d’elle-même après un choc en recréant des structures sociales… »

Le propre de l’humanité depuis la nuit des temps est de collaborer dans la recherche de solutions face à une situation critique. Il se trouve simplement que notre capacité à collaborer aujourd’hui est perturbée par la taille d’institutions et de dispositifs qui ne sont plus à taille humaine. Le gigantisme des chaînes de commandement et leurs complexités défient souvent la logique. Notre modèle politique et social actuel centralisé, planificateur, technocratique, démocratiquement déficitaire, parfois corrompu… est inadapté à la recherche de solutions locales à taille humaine.

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vendredi 27 février 2015

Le scénario de "La chute" selon Dennis Meadow

"Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins."


"Avons-nous un moyen de maintenir le mode de vie des pays riches ? Non. Dans à peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mémoire collective"

Les deux tomes de Vicilisation sont sur le podium des ventes chez Amazon !

 "La Chute" (Tome 1) et "Refondation" (Tome 2) sont classés dans le Top 3 des meilleures ventes sur Amazon. Les deux rom...